Interdiction des réseaux sociaux en Australie : une crainte d’isolement chez les adolescents

Panneau d'Australie

Alors que l’Australie envisage une interdiction des réseaux sociaux pour les jeunes de moins de 18 ans, de nombreuses inquiétudes émergent quant à l’impact sur la vie sociale des adolescents. Pour certains, notamment ceux issus de communautés migrantes, cette mesure pourrait engendrer une coupure brutale avec leurs proches et accentuer leur isolement. Quelles sont les répercussions possibles de cette politique, en particulier pour les jeunes en situation de vulnérabilité ?

Les adolescents migrants face à l’isolement

En ce moment, les gouvernements et états resserrent la ceinture autour des réseaux sociaux. Après les états US qui attaquent en justice Tiktok, l’interdiction globale des réseaux sociaux en Australie risque d’avoir des effets particulièrement négatifs sur les adolescents, notamment ceux issus de communautés migrantes. Ces jeunes utilisent fréquemment des plateformes comme Instagram et Snapchat pour maintenir un lien avec leurs proches restés à l’étranger. Par exemple, une adolescente de 14 ans vivant en Australie explique qu’elle n’a jamais rencontré sa grand-mère en personne, et que les réseaux sociaux sont son seul moyen de communication avec elle. « C’est le seul moyen que j’ai pour me connecter à ma grand-mère« , confie-t-elle.

En imposant un âge minimum pour accéder aux réseaux sociaux, ces adolescents pourraient perdre cet accès vital à leurs réseaux de soutien familial et amical, accentuant leur isolement social. La situation est encore plus préoccupante pour ceux qui, comme Tereza, viennent de pays en crise ou de camps de réfugiés, où les communications avec leurs proches sont déjà limitées.

Une dépendance aux réseaux sociaux pour le soutien social

Cette initiative rappelle celle, moins stricte, de l’état de Floride qui souhaite interdire l’accès aux réseaux sociaux aux moins de 14 ans. Pour de nombreux jeunes australiens, les réseaux sociaux ne sont pas seulement un divertissement, mais un outil quotidien de soutien émotionnel et social. En Australie, environ 97 % des adolescents utilisent les réseaux sociaux, et ils jonglent en moyenne entre 4 plateformes différentes. Cette connectivité joue un rôle central dans leur vie quotidienne, leur permettant de rester en contact avec leurs amis, de partager des moments de leur vie et de s’exprimer.

Cette dépendance aux réseaux pour des interactions sociales devient encore plus important pour les jeunes vulnérables, comme ceux issus de minorités ou de milieux défavorisés. La mesure envisagée par le gouvernement pourrait ainsi priver ces adolescents de l’un des seuls moyens leur permettant de rester en contact avec leurs communautés et d’accéder à un soutien émotionnel en ligne.

Les préoccupations parentales face à l’utilisation des réseaux sociaux

Si les adolescents sont massivement présents sur les réseaux sociaux, la préoccupation des parents australiens est également forte. Une enquête réalisée en 2024 par ReachOut, une organisation de services pour la jeunesse, révèle que près de deux tiers des parents se disent inquiets de l’utilisation des réseaux sociaux par leurs enfants. Ces inquiétudes portent principalement sur les risques liés au harcèlement, aux comportements prédateurs en ligne, et aux effets sur la santé physique et mentale.

Cependant, les experts soulignent que ces préoccupations ne tiennent pas suffisamment compte de l’importance des réseaux sociaux pour certains adolescents, en particulier ceux qui dépendent de ces plateformes pour maintenir des liens familiaux et amicaux essentiels.

Un impact disproportionné sur les minorités

La mise en place d’une limite d’âge pour l’accès aux réseaux sociaux, qui rappelle l’initiative de New-York avec le SAFE Act, pourrait affecter de manière disproportionnée les jeunes issus de minorités et d’autres groupes vulnérables. Contrairement à d’autres jeunes qui ont des moyens plus nombreux de communiquer avec leurs proches, les adolescents des communautés migrantes ou réfugiées comptent souvent exclusivement sur les réseaux sociaux pour garder contact avec leur famille restée à l’étranger.

Cette politique, bien qu’elle vise à protéger les adolescents des dangers potentiels d’Internet, risque donc de priver ces jeunes d’un soutien social essentiel, renforçant leur marginalisation et leur isolement. Les autorités devront prendre en compte ces répercussions sociales lors de la mise en œuvre de cette mesure.

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