Après l’État de Floride, qui souhaite interdire l’accès aux réseaux sociaux aux enfants de moins de 14 ans, c’est l’État de New York qui prend des mesures importantes pour protéger les enfants contre les effets néfastes des réseaux sociaux. Un nouveau projet de loi, intitulé SAFE Act, vise à restreindre l’accès des jeunes aux flux d’information addictifs sans l’accord préalable des parents. Cette initiative marque un tournant dans la régulation des plateformes numériques et suscite des débats passionnés.
Les objectifs du SAFE Act
Le projet de loi « Stop Addictive Feeds Exploitation (SAFE) for Kids Act » introduit une définition précise des flux addictifs, se référant aux contenus recommandés ou hiérarchisés en fonction des informations relatives à l’utilisateur ou à son appareil. En clair, il s’agit des flux d’actualités algorithmiques que l’on retrouve sur la plupart des applications sociales populaires, qu’il s’agisse de TikTok, Instagram, X ou encore Snapchat.
En revanche, les flux classés par ordre chronologique, considérés comme non addictifs, resteront autorisés. Cette distinction vise à réduire l’impact négatif des recommandations personnalisées, souvent accusées de favoriser une consommation excessive et compulsive des contenus. On rappelle que certaines plate-formes elles-mêmes prennent des initiatives en faveur des enfants, comme Instagram avec sa fonction anti-nudité, qui protège les jeunes utilisateurs des médias reçus par message privée, qui pourraient contenir des photos à caractère de nudité.
Les implications pour les acteurs des réseaux sociaux
Le SAFE Act obligerait les plateformes à vérifier l’âge des utilisateurs pour se conformer aux nouvelles régulations. Cette mesure impose également une restriction d’envoi de notifications liées aux flux addictifs entre minuit et 6 heures du matin sans le consentement des parents. Les entreprises contrevenantes risquent des amendes pouvant atteindre 5 000 dollars par infraction.
Cette régulation n’a pas été accueillie favorablement par toutes les parties. NetChoice, un groupe commercial représentant des géants comme Google, Meta et Snap, a vivement critiqué le projet de loi, le qualifiant de « dangereux et inconstitutionnel ». Selon Carl Szabo, vice-président et conseiller juridique de NetChoice, la loi porte atteinte à la liberté d’expression et pourrait conduire à une surveillance poussée de l’activité en ligne des utilisateurs. Parallèlement à cela, les géants de la Tech ont bien conscience des risques que présentent leurs plate-formes auprès de ce jeune public, à l’image de YouTube qui a décidé d’empêcher les enfants de commenter les vidéos de la plate-forme, grâce à une fonctionnalité de lecture seule des commentaires, dont l’objectif est de les protéger d’éventuelles interactions nuisibles.
Un projet soutenu par de nombreuses personnalités américaines
Malgré les critiques, le projet de loi bénéficie d’un large soutien politique. La gouverneure de New York, Kathy Hochul, a salué son adoption, affirmant que l’État se positionne en leader pour protéger les jeunes des dangers des réseaux sociaux et des pratiques commerciales prédatrices. Cette législation s’inscrit dans un effort plus vaste pour améliorer la santé mentale des jeunes et créer un environnement numérique plus sûr.
Le projet de loi est parrainé par le sénateur Andrew Gournades et la députée Nily Rozic, avec le soutien du procureur général de New York, Letitia James. Ce soutien bipartite montre la volonté collective de s’attaquer aux problèmes liés aux médias sociaux et à la protection des données des mineurs.
Un porte-parole de Meta a exprimé un point de vue nuancé, reconnaissant certains aspects positifs des projets de loi, notamment l’obligation pour les magasins d’applications d’obtenir l’autorisation des parents avant le téléchargement d’applications.
Source : https://techcrunch.com/2024/06/09/new-york-moves-to-limit-kids-access-to-addictive-feeds/