La plateforme chinoise e-commerce Temu envisage de s’associer aux efforts européens pour lutter contre la contrefaçon en rejoignant un groupe de grandes entreprises du e-commerce. En pleine expansion en Europe, Temu doit faire face aux exigences croissantes des régulateurs de l’Union européenne, qui l’encouragent à renforcer ses contrôles sur les produits commercialisés dans l’UE. Cette démarche, visant à améliorer la protection des consommateurs, pourrait marquer un tournant pour la plateforme et la crédibilité de la lutte contre les contrefaçons en ligne.
Temu et l’accord européen de lutte contre la contrefaçon
Le « Memorandum of Understanding » (MoU) pour la vente de produits contrefaits sur internet regroupe des plateformes de e-commerce et des marques majeures comme Amazon, Alibaba, et Nike. Cet accord, initié par la Commission européenne, vise à lutter contre la prolifération des contrefaçons en ligne en encourageant les acteurs du marché à renforcer leurs mesures de contrôle.
La participation de Temu à cet accord serait marquée par une présentation lors de la réunion des signataires le 11 novembre 2024 prochain, où la plateforme interviendra en tant que « potentiel nouveau signataire ». Bien que cet accord soit basé sur une adhésion volontaire, il constitue une étape importante pour les entreprises qui souhaitent démontrer leur engagement dans la lutte contre la contrefaçon.
Pression de l’Union européenne sur Temu pour mieux contrôler ses produits
Les autorités européennes redoublent d’efforts pour garantir la conformité des produits vendus par les plateformes en ligne, et Temu fait l’objet d’une attention particulière. La Commission européenne a récemment lancé une enquête pour s’assurer que Temu respecte les règles de l’UE contre la vente de produits illégaux, et ce, dans le cadre de la loi sur les services numériques (DSA).
Cette enquête, précédée par une demande d’informations auprès de Temu, souligne la détermination de l’Union européenne à contraindre les plateformes de grande taille à adopter des mesures rigoureuses pour éviter la vente de produits contrefaits ou illicites en ligne. Pour Temu, se conformer aux exigences européennes est une condition sine qua non pour continuer son expansion sur le marché européen.
Une expansion rapide malgré des préoccupations de contrefaçon
Depuis sa création, Temu s’est imposée en Europe et aux États-Unis grâce à une stratégie marketing agressive, qui attire des millions d’utilisateurs par ses prix très bas et son slogan accrocheur « shop like a billionaire« . Cependant, cette stratégie a aussi suscité des inquiétudes en raison de la forte présence de produits inspirés par des marques connues, vendus à des prix bien inférieurs.
Certains produits, notamment dans les catégories de vêtements, chaussures et accessoires, présentent des similarités frappantes avec des articles de grandes marques, ce qui alimente les suspicions de contrefaçon. Cette situation interroge sur la capacité de Temu à contrôler efficacement ses fournisseurs et sur l’impact potentiel de cette situation sur les standards européens de lutte contre la contrefaçon.
Comment Temu va continuer sa croissance dans l’Union européenne ?
Il faut dire que Temu est très populaire, à tel point que ses colis (avec ceux de Shein) constituent 1/5 des envois La Poste. En tant que « très grande plateforme en ligne » selon la désignation de la Commission européenne depuis mai dernier, Temu est désormais tenue de renforcer ses efforts pour prévenir la distribution de contenus illégaux et de produits contrefaits. L’intégration de Temu dans l’accord MoU, si elle est finalisée, pourrait s’avérer être un tournant dans sa gestion de la conformité en Europe.
Néanmoins, certains acteurs du secteur se montrent prudents. Une source de l’industrie a exprimé des réserves quant à l’intégration de Temu dans l’accord, évoquant le risque que sa participation puisse compromettre la crédibilité du réseau de lutte contre la contrefaçon. Ce défi souligne l’importance pour Temu de démontrer un engagement concret et durable dans la lutte contre les contrefaçons pour renforcer sa légitimité auprès des consommateurs européens.