Teresa Ribera, pressentie pour devenir la prochaine responsable de la concurrence de l’Union Européenne, a annoncé son intention d’intensifier les mesures contre les grandes entreprises technologiques. Elle s’engage également à s’attaquer aux subventions injustes accordées à des entreprises étrangères cherchant à dominer le marché européen. Cette posture marque une volonté claire de faire respecter la législation et de protéger les intérêts des entreprises européennes et des consommateurs.
Renforcement de l’application du Digital Markets Act (DMA)
Le Digital Markets Act, une législation clé de l’Union Européenne, vise à créer un environnement de marché plus équitable en imposant aux grandes entreprises technologiques de nouvelles obligations. Adopté en 2022, il est conçu pour garantir que les consommateurs européens puissent plus facilement choisir des services parmi divers fournisseurs, sans être limités par les écosystèmes fermés des géants de la technologie.
Ribera a exprimé son engagement à faire appliquer avec rigueur ce cadre réglementaire. Selon elle, une mise en œuvre vigoureuse du DMA est nécessaire pour produire des résultats concrets pour les entreprises européennes et les consommateurs. Parmi les entreprises concernées par cette régulation, on retrouve des acteurs majeurs comme Alphabet, Apple, Amazon, Meta, Microsoft et ByteDance, désignés comme « gatekeepers ».
Réduction des délais d’enquête sur les pratiques anticoncurrentielles
Dans sa vision, Teresa Ribera souligne la nécessité d’accélérer les enquêtes antitrust au sein de l’UE. Selon elle, des enquêtes trop longues permettent aux entreprises concernées de continuer à profiter de leurs pratiques anticoncurrentielles, ce qui compromet l’intégrité du marché. Elle estime que ces enquêtes doivent être menées de manière plus rapide et plus efficace afin de garantir une concurrence équitable.
Plus tôt cette année, la Commission Européenne a déjà ouvert des enquêtes sur plusieurs géants technologiques comme Alphabet, Apple et Meta, suspectés d’avoir enfreint les règles du DMA.
L’objectif : la protection des PME européennes contre les acquisitions destructrices
Ribera a également insisté sur la nécessité de protéger les petites et moyennes entreprises européennes contre les acquisitions destructrices, aussi appelées « killer acquisitions », effectuées par des entreprises étrangères. Ces acquisitions visent souvent à éliminer des concurrents potentiels afin de renforcer la position dominante des entreprises déjà bien établies sur le marché.
Elle estime qu’il est capital de favoriser la croissance des entreprises de taille moyenne et de leur permettre de devenir des leaders du marché, particulièrement dans le secteur des technologies propres. Cependant, le marché européen reste fragmenté, ce qui freine l’expansion de ces entreprises au sein et en dehors de l’UE.
La régulation des subventions étrangères dans l’industrie des véhicules électriques
L’une des priorités de Teresa Ribera est de s’attaquer à la concurrence déloyale que représentent les entreprises étrangères subventionnées, notamment dans les secteurs des énergies renouvelables et des véhicules électriques. La Chine est particulièrement visée, avec des subventions massives à ses entreprises actives dans le solaire, l’éolien et l’automobile. Ce mois-ci, l’UE a décidé d’imposer des tarifs douaniers pouvant atteindre 45 % sur les véhicules électriques importés de Chine.
Ribera a déclaré que l’enquête sur les véhicules électriques à batterie (BEV) reposait sur des faits et des preuves solides, tout en étant conforme aux règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Toutefois, elle a souligné que cette mesure ne devait pas être perçue comme une stratégie industrielle à long terme pour le secteur automobile européen. Selon elle, une nouvelle stratégie industrielle est nécessaire pour faire face aux problématiques à venir.
Vers une nouvelle stratégie industrielle européenne
Au-delà des régulations existantes, Ribera a insisté sur le fait que la simple régulation ne suffira pas à résoudre tous les problèmes auxquels l’UE est confrontée. Pour répondre aux challenges du marché global, elle envisage de travailler avec d’autres commissaires, notamment le commissaire désigné pour le climat, Wopke Hoekstra, afin de développer un accord industriel centré sur l’industrie propre.
En partenariat avec Stephane Sejourne, vice-président exécutif chargé de l’industrie, elle aura pour mission d’élaborer une stratégie globale pour soutenir la transformation industrielle de l’Europe, avec une attention particulière pour le secteur automobile.