Amazon, géant du e-commerce, se retrouve aujourd’hui au cœur d’une polémique aux États-Unis. L’autorité en charge de la concurrence et de la protection des consommateurs a déposé une plainte contre l’entreprise, l’accusant d’adopter des pratiques anticoncurrentielles auprès des vendeurs FBA. Selon les allégations, Amazon aurait favorisé ses propres produits au détriment des commerçants tiers, infligeant ainsi des frais excessifs aux vendeurs qui cherchent à proposer des prix compétitifs sur d’autres plateformes. Cette affaire, qui survient peu après des démarches similaires à l’encontre de Google, suscite de vives préoccupations quant à l’impact sur les consommateurs, les concurrents, et l’innovation dans le secteur.
Amazon face à des accusations de pratiques anticoncurrentielles
La Federal Trade Chamber (FTC), l’organe de régulation de la concurrence aux États-Unis, a engagé une action en justice contre Amazon. La plainte déposée par la FTC, au nom de 17 procureurs généraux d’États américains, affirme que l’entreprise utilise un ensemble de stratégies anticoncurrentielles pour maintenir illégalement son monopole. Selon la FTC, Amazon aurait empêché ses concurrents et les vendeurs de baisser leurs prix en les surfacturant, ce qui aurait nui à l’innovation et réduit la compétition sur la plateforme.
La plainte de la FTC révèle que Amazon identifie les vendeurs qui proposent des prix plus bas sur d’autres plateformes concurrentes grâce à des systèmes automatisés. En représailles, Amazon rendrait ces vendeurs moins visibles sur sa plateforme, ce qui entraverait la concurrence en forçant les vendeurs à proposer des prix bas exclusivement sur Amazon. De plus, la plainte souligne que le service de livraison Prime de l’entreprise ne serait accessible qu’aux vendeurs utilisant les services de traitement des commandes d’Amazon, qui sont coûteux. Amazon favoriserait également injustement ses propres produits par rapport à des produits similaires vendus par des détaillants tiers.
Impact sur les petites entreprises
Contrairement à la plainte précédente de la FTC en juin dernier, qui portait sur les consommateurs, cette nouvelle plainte se concentre sur les petites entreprises. Les frais imposés aux vendeurs de la plateforme sont notamment visés, avec une augmentation d’environ 30 % de ces frais entre 2020 et 2022, selon la FTC. L’organisme affirme qu’Amazon préleverait près de la moitié des gains des vendeurs sur leurs ventes, ce qui aurait un impact significatif sur les petites entreprises. Une association américaine, l’Institute for Local Self-Reliance, partage cette préoccupation en affirmant qu’Amazon s’approprie désormais « 45 cents de chaque dollar de vente, contre 19 cents en 2014 ».
La défense d’Amazon et les actions de la FTC pour réguler les géants du numérique
En réponse à la plainte de la FTC, Amazon a réfuté les accusations en affirmant que la plainte était erronée. L’entreprise soutient que si la FTC réussissait à obtenir gain de cause, cela entraînerait moins de choix pour les consommateurs, des prix plus élevés, des délais de livraison plus longs, et des options limitées pour les petites entreprises, ce qui irait à l’encontre de l’objectif de la loi antitrust.
La FTC poursuit depuis un certain temps une série d’actions visant à mieux réguler les grandes entreprises technologiques, notamment Google. Cependant, contrairement à la Commission européenne, la FTC doit obtenir l’approbation des tribunaux pour prononcer des amendes ou des sanctions, ce qui n’a pas toujours été couronné de succès jusqu’à présent. L’autorité a subi plusieurs revers dans ses tentatives de régulation, notamment lorsqu’elle a tenté d’empêcher l’acquisition d’Activision Blizzard par Microsoft ou l’achat de la société de fitness en réalité virtuelle Within par Meta.
Il reste à voir comment cette nouvelle affaire contre Amazon se développera et si elle aura un impact significatif sur la régulation des grandes entreprises technologiques aux États-Unis.