À l’approche d’un retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, les experts s’interrogent sur les futures orientations des politiques antitrust aux États-Unis. En effet, le candidat républicain pourrait redéfinir l’approche actuelle face aux géants technologiques, dont Google. L’administration Trump, tout en continuant à surveiller les grandes entreprises technologiques, pourrait adopter une stratégie moins agressive que celle de Joe Biden, en particulier concernant une éventuelle scission de Google. Ce changement de cap marquerait un tournant significatif dans la lutte contre les pratiques monopolistiques aux États-Unis. Découvrez les implications de cette possible politique pour l’économie et le monde des affaires.
Trump et l’avenir des affaires antitrust de Google
Lors de sa première présidence, Donald Trump a lancé des actions en justice contre plusieurs grandes entreprises technologiques, notamment Google. L’actuel ministère de la Justice (DOJ) poursuit deux affaires majeures contre Google : l’une concernant les pratiques de recherche et l’autre portant sur la technologie publicitaire. La stratégie du DOJ inclut potentiellement des remèdes forts, comme l’obligation pour Google de céder certaines activités, dont son navigateur Chrome, et de mettre fin aux accords faisant de son moteur de recherche le choix par défaut sur divers appareils.
Avec un retour de Trump, cette politique pourrait connaître un infléchissement. En octobre, lors d’un événement à Chicago, il a exprimé des doutes quant à la nécessité de démanteler Google, préférant une approche visant à rendre ses pratiques « plus équitables » sans forcément passer par une scission. Cette vision mettrait en exergue la complexité de s’attaquer aux monopoles tout en préservant la compétitivité de ces entreprises phares de la technologie américaine.
Une possibilité de révision des politiques de fusion
Sous la présidence de Joe Biden, le DOJ et la Federal Trade Commission (FTC) ont adopté des lignes directrices strictes concernant les fusions et acquisitions, limitant les possibilités de règlement avec les entreprises en phase de fusion. On se souvient de l’affaire Amazon, accusé par la FTC de pratique anticoncurrentielle. Cette approche, visible dans les directives de fusion 2023, a découragé nombre d’opérations de consolidation, une situation qui pourrait évoluer avec l’administration Trump.
Selon Jon Dubrow, avocat associé au cabinet McDermott Will & Emery, les orientations de 2023 sont perçues comme particulièrement hostiles aux fusions, une opinion partagée par la majorité des acteurs de Wall Street. L’administration Trump pourrait revoir ces directives, redonnant ainsi aux entreprises plus de flexibilité pour négocier des solutions avec les régulateurs, en vendant par exemple certaines parties de leurs activités pour résoudre les préoccupations concurrentielles.
La modification des règles de non-concurrence dans les contrats de travail
Les politiques antitrust sous Biden n’ont pas seulement ciblé les grandes entreprises technologiques ; elles ont également mis l’accent sur les clauses de non-concurrence dans les contrats de travail, un domaine que la FTC a tenté de réformer. La commission a émis une interdiction quasi totale de ces clauses, une mesure susceptible d’affecter environ 30 millions de travailleurs américains, soit environ 20 % de la population active.
Avec un retour de Trump, cette interdiction pourrait être remise en question, notamment en cas de recours juridique de la Chambre de commerce des États-Unis. Si la FTC sous Biden a défendu cette réforme, un éventuel changement de majorité au sein de la commission, favorable à Trump, pourrait laisser la porte ouverte à des modifications dans l’application de ces règles, qui ont suscité des débats houleux dans le monde des affaires.
L’avenir des initiatives de Lina Khan à la FTC
Sous la présidence de Lina Khan, la FTC a adopté une approche agressive dans sa lutte contre les effets néfastes de la concentration économique. Elle a reçu des éloges de membres des deux partis, dont certains Républicains, pour sa détermination à limiter le pouvoir croissant des grandes entreprises.
Toutefois, certains membres du monde des affaires et des milieux juridiques critiquent la position de Khan, jugée trop interventionniste. Avec la réélection de Trump, la direction de la FTC pourrait être remaniée, donnant aux Républicains une majorité qui pourrait freiner certaines des mesures prises par Khan. Un tel changement pourrait avoir un impact sur les enquêtes en cours et sur les efforts visant à réguler les grandes entreprises sous prétexte de préjudices sociétaux.
Une politique antitrust de continuité avec des ajustements
Bien que certains changements soient attendus, le retour de Trump ne signifierait pas nécessairement un abandon des politiques antitrust. Durant sa première présidence, son administration a initié un nombre comparable de cas de fusions que sous les deux premières années de Biden, montrant que la surveillance des grandes entreprises resterait d’actualité.
Le retour de Trump pourrait apporter des ajustements importants dans l’application des lois antitrust, influençant notamment les affaires contre Google et d’autres grandes entreprises technologiques, mais sans un revirement complet. Les orientations futures de la politique antitrust aux États-Unis pourraient ainsi osciller entre une régulation maintenue et une flexibilité accrue pour les acteurs économiques.