Plusieurs grands journaux français, parmi lesquels Le Monde, Le Figaro et Le Parisien, ont annoncé le lancement de poursuites judiciaires contre la plateforme X (anciennement Twitter). Ils accusent le réseau social d’utiliser leurs contenus sans compensation financière, en dépit d’une obligation légale. Cette affaire, qui soulève des questions sur les droits voisins et la protection des médias dans le numérique, se poursuivra en mai 2025 devant le tribunal de Paris.
Les droits voisins : un cadre légal en faveur des médias
Les droits voisins permettent aux médias de recevoir une rémunération de la part des plateformes numériques pour l’utilisation de leurs contenus. Ce cadre juridique vise à compenser les publications lorsque des extraits de leurs articles sont partagés sur des plateformes comme X, Google ou Meta. La France, pionnière dans la mise en place de ce droit au sein de l’Union européenne, renforce ainsi la pérennité économique des journaux face à l’usage intensif de leurs productions par les géants du numérique.
Contrairement à Google et Meta, qui ont entamé des négociations avec les éditeurs de presse français et mis en place des accords de paiement, X n’a jamais accepté de discuter de la compensation due aux éditeurs. Ce refus place la plateforme de Musk dans une situation juridique complexe et pourrait servir de précédent important dans les conflits opposant médias et réseaux sociaux.
Le refus de X de se conformer aux injonctions de la justice
En mai 2024 dernier, la Cour de justice de Paris a ordonné à X de fournir les informations nécessaires pour évaluer les sommes potentiellement dues aux éditeurs de presse français. Cependant, la plateforme n’a pas répondu à cette requête, provoquant ainsi un recours judiciaire plus poussé de la part des journaux français. Cette réticence de X à collaborer avec les instances françaises pourrait aggraver ses difficultés légales dans le pays.
La non-conformité de X face aux injonctions du tribunal renforce les inquiétudes des éditeurs de presse quant au respect de leurs droits et de la législation française. En refusant de communiquer des informations essentielles, X entrave le calcul d’une rémunération juste pour les contenus médiatiques utilisés.
Un enjeu pour la liberté de la presse et le pluralisme
Dans une déclaration commune, les journaux français ont souligné que les revenus issus des droits voisins sont essentiels pour maintenir la diversité, l’indépendance et la qualité des médias dans un environnement démocratique. Ces fonds permettent aux médias de réaliser des investissements importants pour l’avenir de la presse écrite, de préserver leur indépendance éditoriale et d’assurer un accès à une information de qualité.
La liberté de la presse et le pluralisme sont des valeurs fondamentales dans toute société démocratique. En protégeant leurs droits et en garantissant une compensation équitable, les journaux français aspirent à préserver un équilibre entre les acteurs de la presse traditionnelle et les plateformes numériques, assurant ainsi une pluralité d’informations accessible au public.
Une audience prévue en mai 2025
Un porte-parole du tribunal de Paris a confirmé qu’une audience est fixée pour le 15 mai 2025 dans cette affaire opposant X aux journaux français. Cette date marquera une étape déterminante dans la quête de reconnaissance et de compensation pour les éditeurs de presse. Le jugement pourrait influencer d’autres actions en Europe et même au niveau international, notamment sur la question de la répartition des revenus entre producteurs de contenus et plateformes. À noter qu’une autre affaire, concernant cette fois-ci des accusations de désinformation concernant X, est également en cours d’étude à l’échelle européenne.
Les prochaines audiences et le verdict attendu auront un impact crucial sur la façon dont les plateformes numériques devront traiter les droits d’auteur des contenus médiatiques à l’avenir. Cette affaire pourrait ouvrir la voie à une réglementation plus stricte et une obligation accrue de coopération de la part des géants de la tech.