La bataille entre les géants de la technologie et les régulateurs européens s’intensifie. DuckDuckGo, le moteur de recherche axé sur la confidentialité, exhorte la Commission européenne à ouvrir de nouvelles enquêtes sur Google. L’objectif est de garantir le respect des règles strictes imposées par la loi européenne sur les marchés numériques. Que reproche exactement DuckDuckGo à Google, et quelles pourraient être les conséquences de ces demandes ?
Le Digital Markets Act : un cadre pour encadrer les géants
Adoptée en 2022, la loi européenne sur les marchés numériques, appelée DMA, vise à freiner les abus de position dominante des grandes entreprises technologiques. Ce cadre législatif impose des obligations telles que la facilitation du passage des utilisateurs à des services concurrents ou l’interdiction de privilégier ses propres produits sur ses plateformes.
Google, en tant que leader mondial des moteurs de recherche, est soumis à cette réglementation, tout comme six autres entreprises technologiques. Cependant, selon DuckDuckGo, ces mesures peinent encore à provoquer un réel changement dans le paysage numérique européen.
DuckDuckGo dénonce un non-respect des obligations par Google
Dans un article blog publié récemment, Kamyl Bazbaz, vice-président des affaires publiques de DuckDuckGo, a exprimé son inquiétude sur le faible impact du DMA jusqu’à présent. Selon lui, « le marché de la recherche dans l’UE a vu peu de mouvements », ce qui justifie la nécessité d’enquêtes supplémentaires pour pousser Google à respecter pleinement ses obligations légales.
DuckDuckGo cible notamment trois points précis nécessitant une investigation. L’un des reproches concerne une proposition de Google visant à partager des données de recherche anonymisées avec ses concurrents. Bazbaz soutient que ces données excluent la grande majorité des requêtes, rendant cette initiative inutile pour les compétiteurs.
Des accusations sur la transparence et le choix des utilisateurs
Un autre aspect critiqué est la supposée réticence de Google à permettre aux utilisateurs de basculer facilement vers des moteurs de recherche concurrents. Bazbaz a déclaré que cette pratique va à l’encontre des exigences clés de la DMA, privant ainsi les consommateurs européens de véritables options de choix.
Pour DuckDuckGo, Google chercherait à éviter certaines de ses responsabilités sous couvert de protéger la confidentialité des données. Une ironie, selon Bazbaz, venant de « l’un des plus grands collecteurs de données sur Internet ».
Les réponses de Google et de la Commission européenne
En réponse aux accusations, un porte-parole de Google a affirmé que l’entreprise collabore activement avec les experts et les régulateurs pour se conformer aux nouvelles règles. Google indique avoir déjà apporté des modifications importantes à ses produits pour offrir davantage de choix aux utilisateurs tout en protégeant leur confidentialité.
La Commission européenne, pour sa part, n’a pas commenté directement les allégations de DuckDuckGo. Elle a néanmoins réitéré son engagement à garantir la mise en œuvre effective du DMA.
Quel impact financier en cas de violation du DMA ?
Le non-respect des obligations définies par le DMA pourrait coûter cher à Google. La législation prévoit des amendes pouvant atteindre 10% du chiffre d’affaires annuel mondial d’une entreprise contrevenante. Pour une société de la taille d’Alphabet, maison mère de Google, ces sanctions pourraient représenter des milliards d’euros.
Dans ce contexte, les appels de DuckDuckGo à intensifier les enquêtes mettent en lumière les tensions croissantes entre les grandes entreprises technologiques et les régulateurs. Si de nouvelles investigations sont ouvertes, elles pourraient redéfinir les règles du jeu pour les acteurs du numérique en Europe.
Source : https://spreadprivacy.com/investigate-google-dma/