Cloudflare lance un outil pour monétiser l’accès des robots d’IA aux contenus web

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On le sait : les IA sont très « datavores », et sans données fraîches et à jour, elles perdent en pertinence. ChatGPT, Perplexity, Claude, Gemini… toutes ces IA génératives collectent massivement du contenu en ligne sans autorisation ni rémunération, c’est dans ce contexte que Cloudflare vient de lancer un nouvel outil destiné à redonner le contrôle aux éditeurs de sites web. Ce projet vise à encadrer l’accès des robots d’IA aux contenus en proposant un modèle économique basé sur le principe du « pay per crawl ».

Il devient possible de contrôler son contenu grâce à un outil anti-crawlers IA

Cloudflare a développé une solution permettant aux éditeurs de sites de décider si les robots d’indexation issus d’IA peuvent accéder à leurs contenus. Ce mécanisme repose sur un modèle de tarification qui autorise les propriétaires de sites à fixer un prix pour chaque visite effectuée par un robot.

Ce système offre aux éditeurs un moyen concret de contrôler l’usage de leur production en ligne, face à une situation où certains robots extraient des données sans contrepartie financière. Cela représente un changement par rapport au fonctionnement traditionnel des moteurs de recherche qui renvoyaient du trafic vers les sites indexés.

Une réponse à la baisse du trafic issu des moteurs de recherche

Les pratiques des grandes entreprises de la tech évoluent. Selon des données partagées par Cloudflare, le rapport entre le nombre de visites renvoyées vers les sites web et les opérations de crawling effectuées par Google est passé de 6:1 à 18:1 en 6 mois. Cela signifie que les utilisateurs obtiennent de plus en plus de réponses directement dans les pages de résultats, notamment à travers des modules comme AI Overviews, sans cliquer sur les liens vers les sources originales.

En comparaison, d’autres entreprises d’IA présentent des rapports encore plus déséquilibrés, avec un exemple mentionnant un ratio de 1 500:1 pour OpenAI, indiquant une absence quasi totale de trafic retour vers les créateurs de contenu.

Les éditeurs cherchent de nouvelles sources de revenus

La baisse du référencement générateur de trafic publicitaire pousse les éditeurs à rechercher des moyens alternatifs de financement. Le recours à la monétisation de l’accès des robots d’IA à leurs données est peut-être l’une des réponses à envisager. Le nouvel outil de Cloudflare s’inscrit dans cette logique, en proposant une alternative aux poursuites judiciaires ou aux accords de licence bilatéraux.

Certains groupes de médias comme Condé Nast ou l’Associated Press, ainsi que des plateformes comme Reddit et Pinterest, soutiennent cette initiative. Ils partagent la volonté de créer un cadre plus équilibré entre les producteurs de contenu et les entreprises technologiques exploitant ces données à des fins d’entraînement de modèles d’IA.

Les grands acteurs de l’IA, comme OpenAI ou encore Perplexity, ont déjà noué de multiples partenariats avec des médias d’envergure : on se souvient de l’accord entre Le Monde et OpenAI, puis Perplexity, qui permet au média français d’être rémunéré sur le contenu de ses articles, en les fournissant aux différents acteurs.

Perplexity a même lancé un programme de rémunération des éditeurs, dans le but de partager ses revenus publicitaires avec les sites qu’elle cite.

Des conflits et négociations autour de l’accès aux contenus

La situation actuelle a donné lieu à plusieurs conflits juridiques. Des éditeurs comme le New York Times ont engagé des procédures judiciaires contre des sociétés d’IA pour violation de droits d’auteur. D’autres, comme Reddit, mènent des actions contre certaines entreprises tout en signant des accords de licence avec d’autres, à l’image de celui conclu avec Google.

Parallèlement, des acteurs de l’intelligence artificielle contournent les standards web conçus pour bloquer l’extraction automatisée de contenu, arguant qu’aucune loi ne leur interdit de collecter librement les données accessibles sur le web.

Vers un nouveau modèle économique numérique

L’arrivée de cet outil marque une tentative de structuration du rapport entre créateurs de contenu et technologies d’IA. En permettant une gestion fine de l’accès aux contenus, le dispositif de Cloudflare entend encourager un modèle plus équitable pour l’ensemble de l’écosystème numérique.

Ce changement intervient dans un contexte où les mécanismes traditionnels de rétribution en ligne sont bouleversés, et où les éditeurs souhaitent reprendre la main sur la manière dont leurs contenus sont utilisés et exploités.

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