Polygraphe : le logiciel de la DGCCRF pour aider à détecter les faux avis en ligne

Avis clients

L’un des fléaux de cette décennie sur internet est la croissance de fausses informations sur la toile : entre les fakes news qui pullulent sur les réseaux sociaux, notamment en période d’élections, les articles émanant soit disant d’experts pour vanter les mérites d’une nouvelle méthode, d’un produit ou service, parfois touchant au bien-être et à la santé, mais également les faux avis en ligne… il devient de plus en plus difficile de faire la distinction entre le vrai du faux.

Les faux avis : une réalité avec de nombreuses entreprises qui vendent des avis falsifiés

Les avis sur internet constituent une source riche d’informations pour aider les consommateurs à choisir les produits et services, grâce aux retours d’expériences d’acheteurs. C’est même devenu un reflexe naturel pour une majorité d’internautes : on recherche « nom d’une marque + avis » pour se faire une opinion rapide sur une offre. Les entreprises l’ont bien compris, et mettent en avant ces témoignages sur leur page d’accueil, au sein des fiches produits etc.

Seulement, de nombreuses entreprises exploitent la crédulité des consommateurs, pour vendre des produits ou services à des prix élevés, pour une qualité moindre voire inexistante. De nombreuses arnaques en ligne utilisent de faux témoignages clients pour vendre et convaincre les consommateurs de tomber dans leur piège. On a vu une vague importante de sites marchands qui ne livraient jamais la marchande, notamment avec les sites utilisant le dropshipping.

Selon des chiffres communiqués par la plate-forme Tripadvisor, pour l’année 2022, l’entreprise a identifié 1,3 millions de faux avis sur le total de 30,2 millions d’avis récoltés au total, soit 4,3 % du total. Il s’agit ici uniquement de ce qu’a détecté Tripadvisor via ses outils internes : malheureusement, des milliers d’autres passent entre les mailles du filet, car les auteurs de faux avis font preuve de plus en plus de ruse.

En effet, il existe de nombreuses entreprises, souvent basées à l’étranger qui commercialisent ces avis émanant de faux utilisateurs, et qui proposent leurs services en contactant les entreprises par e-mail, en vendant en moyenne 2 euros par faux avis « positifs ».

Polygraphe : le nom du logiciel qui aspire et analyse les avis sur internet

Dans ce cadre, la DGCCRF a développé un outil appelé Polygraphe, qui doit aider les agents de la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes, dans leurs dossiers. En effet, le logiciel aspire les données d’avis émanant de Google My Business, mais également de Tripadvisor. L’objectif de ce logiciel est de comprendre si un établissement ou une entreprise utilise les faux avis, pour tromper les consommateurs.

Le déploiement de cet outil a été autorisé par décret en juin 2023, pour une durée de 3 ans.

Comment Polygraphe fonctionne ? Quelles conséquences en cas de contrôle ?

On ne connait pas la technologie ni les critères utilisés par l’outil, mais le fonctionnement de Polygraphe est assez simple :

  • il « scrappe » les données de manière massive en provenance des plate-formes Google et Tripadvisor ;
  • il analyse le jeu de données, puis isole les avis suspicieux ;

La cellule numérique de la DGCCRF utilise le tableau d’analyse du Polygraphe, afin de guider les enquêteurs dans leurs actions, en ciblant des professionnels et des secteurs spécifiques. Les investigations consistent généralement à contacter les professionnels, leur demander des justificatifs et des informations comptables, ainsi qu’à travailler sur l’identification des contributeurs, dans le but d’établir d’éventuels liens entre l’identité d’un contributeur et le professionnel concerné.

Est-ce un risque en matière de collecte de données ?

L’approche de cet outil a alerté de nombreux fervents défenseurs de la protection des données personnelles, à l’heure où les lois et réglementations en vigueur, notamment la RGPD, le consentement publicitaire etc… vont dans le sens de la protection du consommateur.

Ce type d’outil aspire une grande partie des données de l’utilisateur : nom, prénom, pseudo, lien du profil de l’auteur, coordonnées du professionnel concerné… Il faut savoir que de nombreuses personnes signent de leur vrai nom et prénom, permettant de les identifier facilement dans le monde réel. On peut ainsi facilement retracer les achats de Michel Dupont, qui habite à Orléans, pour connaître ses habitudes de consommateur. La collecte massive d’informations de ce type présente donc un risque pour la sécurité.

L’outil Polygraphe stockerait ces données 5 jours seulement, tandis que la CNIL recommandait une suppression immédiate des données, pour éviter tout abus ou risque pour les données personnelles des utilisateurs.

Sources :

  • https://www.usine-digitale.fr/article/a-la-dgccrf-polygraphe-traque-les-faux-avis-en-ligne-et-aspire-les-donnees-personnelles.N2209225
  • https://www.ouest-france.fr/economie/tourisme/peut-on-vraiment-se-fier-aux-avis-tripadvisor-pour-preparer-son-voyage-2b555d36-df86-11ed-bde1-d2efbec1215e

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