Une nouvelle secousse dans l’industrie du quick commerce en France : les sociétés Getir et Gorillas, spécialisées dans la livraison à domicile, ont été placées en liquidation judiciaire par le tribunal de commerce de Paris. Cette décision marque la fin des activités de ces deux géants et entraîne la suppression de plus de 1.300 emplois dans le pays. La liquidation met également en lumière les difficultés auxquelles sont confrontées ces startups qui cherchaient à révolutionner le secteur des achats alimentaires en offrant une livraison ultra-rapide.
Echec de la tentative de redressement
Malgré des débuts prometteurs, la filiale française de Getir, groupe turc spécialisé dans la livraison express de courses à domicile, a été contrainte de déposer le bilan. Le tribunal de commerce de Paris avait auparavant engagé une période d’observation de trois mois dans le cadre d’une procédure de redressement judiciaire. L’objectif était de permettre aux trois filiales de Getir en France, à savoir Getir France, Gorillas France et Frichti, de trouver un modèle économique viable pour poursuivre leurs opérations. Malheureusement, ces efforts n’ont pas abouti et ont conduit à la liquidation des sociétés.
Les chiffres témoignent de l’ampleur de cette décision : Getir compte 70 magasins, 2 entrepôts et emploie 841 personnes en France, tandis que Gorillas possède 30 magasins et emploie 500 personnes. Frichti, autre entité de Getir, dispose de 24 magasins, d’un entrepôt et d’une cuisine, et compte 367 salariés. Au total, le groupe Getir employait 1.708 personnes en France. En 2022, Getir a réalisé un chiffre d’affaires de 23,8 millions d’euros, Gorillas de 26,6 millions d’euros et Frichti de 69,9 millions d’euros, portant le chiffre d’affaires global du groupe Getir en France à 120,3 millions d’euros.
Des salariés confrontés à une issue prévisible
La liquidation de Getir et Gorillas n’a pas pris par surprise les salariés, qui savaient depuis un moment que cette issue était probable. Rémy Frey, délégué de la CGT commerce de Paris, indique que les employés attendaient simplement la fin de cette période tumultueuse. Cependant, l’annulation du financement d’un plan élaboré par les représentants du personnel par la société a jeté l’incertitude sur le sort des salaires et des emplois. Johann Tchissambou, délégué syndical CFDT de Getir France, dénonce le non-respect de l’engagement pris par Nazim Salur, fondateur de Getir, de verser les salaires de juillet 2023, ce qui plonge les employés dans la précarité.
Un modèle économique confronté à des défis majeurs
Le quick commerce, bien que prometteur, se heurte à divers obstacles qui ont contribué à la situation difficile de Getir et Gorillas. L’inflation croissante et le cadre réglementaire ont joué un rôle important dans leur échec. Les coûts élevés des entrepôts intra-urbains, de la livraison directe et la faible capacité de négociation avec les fournisseurs en raison de volumes moins importants ont posé des défis majeurs pour le modèle économique de ces entreprises. De plus, les préoccupations des maires quant à l’impact de ces sociétés sur les villes et les réglementations locales ont conduit à une régulation plus stricte de leurs activités.
La décision de considérer les « dark stores » comme des entrepôts plutôt que des commerces et d’autoriser les mairies à restreindre leur implantation a créé des incertitudes quant à l’avenir de ces acteurs. Par ailleurs, des parlementaires ont appelé à un encadrement renforcé des plateformes de quick commerce en matière de gestion des déchets, de vente d’alcool et de respect du droit du travail, mettant en évidence la nécessité de règles plus strictes dans un secteur où une part importante des travailleurs est en situation irrégulière.
L’échec de Getir et Gorillas est un rappel des défis auxquels sont confrontées les entreprises du quick commerce, mais également les acteurs de la food tech. La concurrence féroce, les contraintes réglementaires et les difficultés économiques nécessitent une adaptation constante pour assurer la pérennité de ce modèle d’affaires. L’avenir du secteur reste incertain, mais il est clair que des ajustements sont nécessaires pour permettre aux acteurs du quick commerce de prospérer dans un environnement compétitif et en évolution constante.
Source : https://www.latribune.fr/entreprises-finance/services/distribution/quick-commerce-liquidation-judiciaire-pour-getir-et-gorillas-970218.html